Eglises d'Arménie


L'Arménie est une ancienne terre de chrétienté. Les paysages, comme le majestueux Mont Ararat, racontent les légendes bibliques. Les églises, qui sont parmi les plus anciennes du monde, remontent pour certaines au III ième siècle après Jésus Christ. Elles sont d'une extrême simplicité et d'une poignante beauté. Elles sont à l'image de ce pays qui a tant souffert et qui a survécu à toutes les vicissitudes de l'histoire.
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Mon premier contact fut la rencontre fortuite d'une petite chapelle, dans un terrain vague, au centre de Erevan, au croisement de la rue Abovian et de l'avenue Sayat Nova. La plupart des habitants de la ville ignoraient son existence jusqu'à un an auparavant. Elle était cachée derrière la façade d'un de ces immeubles de l'époque communiste qui faisait l'angle de ces rues. Cela tient du miracle qu'elle ait échappé à la destruction et que ce soit finalement le bâtiment administratif, probablement horrible, qui ait disparu. Bien que minuscule cette chapelle pourrait être le symbole de la résistance de ce pays à tous les envahisseurs, à toutes les idéologies.

Beaucoup plus impressionnant est le monastère de Geghard, accroché à flanc de colline et creusé à même la roche. Ce ne sont pas les dimensions extérieures de l'église qui attirent l'attention. Il pleuvait. Les pierres de tuf luisaient d'un obscur éclat. Le lieu évoquait une petite chapelle romane du centre de la France mais une fois entré dans l'église creusée dans le roc, la pénombre était saisissante. Pas de décoration parfois clinquante comme dans les églises orthodoxes mais la puissance évocatrice de la nudité des murs. Seule la lueur vacillante des cierges éclairait parcimonieusement ce théâtre d'ombres. 
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Passant de grotte en grotte, rien ne venait perturber la méditation de ce voyage sous terre comme en un tombeau. Une brève incursion tout au plus étant donné les dimensions modestes de l'édifice.  On est loin des envolées de pierre des gigantesques nefs de nos cathédrales gothiques. On serait plutôt dans ces cryptes qu'elles recouvrent habituellement, reliquat du sanctuaire primitif remontant de nombreux siècles avant la construction de la cathédrale. Etait ce encore ce besoin de se cacher au sortir de persécutions sanglantes dont l'histoire de l'Arménie n'est pas avare ? Réminiscences de catacombes de ces premières communautés chrétiennes ? La beauté est ici dans l'atmosphère de recueillement, de méditation  d'un lieu sombre, d'extrême dénuement où rien ne détourne la pensée de son chemin.
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Cette grande simplicité se retrouve dans la chapelle du lac Sevan. Bâtie sur un rocher dominant le lac, la chapelle est aussi un lieu d'obscurité, même si le soleil dardait un étroit faisceau de lumière à travers une meurtrière seule ouverture vers l'extérieur. Cette trouée de soleil éclairait le quasiment seul objet d'ornementation à l'intérieur de la chapelle : une pierre sculptée magnifique comme on en rencontre tant dans nos églises romanes. 

Elle était seule dans cette chapelle, adossée au mur, venue dont on ne sait où, comme toutes ces pierres couvertes de croix arméniennes jonchant les abords de ces églises. Une crucifixion épurée, primitive occupait le centre de la pierre, entourée de cartouches au modelé rudimentaire.  Sortant de l'obscurité de la chapelle, comme d'un tombeau, l'œil retrouvait soudain la lumière étincelante du soleil et le scintillement du lac, comme une résurrection. 
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Combien semblable et différente est la cathédrale d'Echmiadzin. Cette cathédrale dont les dimensions modestes n'ont rien à voir avec les grandes nefs gothiques ou les cathédrales orthodoxes s'en distingue également par une grande sobriété. Le fait qu'elle soit le siège apostolique l'a exposée à une décoration de la coupole intérieure et à la présence de tableaux. On retrouve en plus grand l'architecture caractéristique des églises d'Arménie avec cette couleur si particulière du tuf. 
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Les églises d'Arménie sont parmi les plus anciennes du monde, plusieurs datant du troisième et du quatrième siècle après Jésus Christ. Elles sont le témoignage vivant de la résistance de ce peuple qui a traversé l'histoire et résisté entouré de partout par les mondes perses et islamiques. De la bataille d'Avarayr en Mai 451, où 66.000 Arméniens de tous âges et de toutes conditions résistèrent aux 200.000 soldats de l'armée Perse, au génocide d'Avril 1915 à Juillet 1916 durant lequel périrent plus d'1.200.000 Arméniens le pays a souffert, lutté et survécu. En témoignent les superbes miniatures du Musée Matenadaran et le poignant mémorial de l'holocauste de l'esplanade duquel on observe une vue superbe du Mont Ararat. Montagne mythique, où Noé aurait touché la terre ferme après le déluge, elle est aussi majestueuse vue de Turquie, de Erevan ou d'un hublot d'avion comme j'ai eu le bonheur de l'observer. Ces montagnes isolées, aux cimes enneigées, comme le Mont Fuji ou le Kilimandjaro, enflamment l'imaginaire des peuples, source inépuisable de légendes et de représentations.   
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