Coba, Tulum, Chichen Itza

Un album est disponible en cliquant sur le diaporama en bas de page. (Collection personnelle)

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Pyramide de Kukulkan à Chichen Itza.

Bien que la civilisation Maya soit éloignée de nos racines Européennes, la beauté de son architecture et de sa sculpture touche à l'universel. Les canons de la beauté classiques, présents dans l'art Grec ou Egyptien, simplicité, rigueur des lignes et des formes, se retrouvent dans l'art Maya. Les points communs sont nombreux tels que la construction de pyramides ou de temples comportant, du moins à la période tardive, de multiples colonnes. Les mathématiques, dont on s'interroge pour savoir si le monde est mathématique, sont ici présentes à la fois dans la géométrie des formes, l'alignement des perspectives et l'arithmétique des structures, comme le nombre de marches de la pyramide de Kukulkan à Chichen Itza. L'interprétation du calendrier basée sur les 91 marches des quatre côtés de la pyramide témoigne de l'état avancé des connaissances astronomiques et cosmogoniques des Mayas. Ces considérations, pour si intéressantes qu'elles soient, n'ont rien à voir avec une beauté reconnue par le label de " patrimoine mondial de l'UNESCO " dont le principal intérêt est d'obliger les gouvernements à entreprendre des restaurations, non sans recevoir au passage de nombreuses subventions.

J'ai visité le site de Chichen Itza à plus de trente ans d'intervalle. L'impression d'ensemble reste aussi forte mais bien des choses ont changé. Certes, les restaurations en cours ont à la fois l'intérêt de la préservation et l'embellissement, mais elles s'accompagnent d'une sorte de dénaturation. Les rares touristes pouvaient alors escalader les marches de la grande pyramide, le Castillo, de l'observatoire astronomique ou du Temple des Guerriers au sommet duquel on pouvait voir de près le Chac-Mool que l'on n'aperçoit plus que de loin, toute escalade étant interdite par des panneaux et des cordes tendues. 
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Bas-relief à Chichen Itza.
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Chac-Mool du Temple des Guerriers

Ces précautions sont loin d'être inutiles quand on voit les hordes de touristes déversées par d'innombrables autobus. Quand on voit l'imbécillité des clichés pris à distance, on frémit à l'idée de ce que pourrait être ceux que ces petites merveilles d'électroniques permettraient aux heureux possesseurs de téléphones portables, de tablettes ou d'appareils photographiques numériques. " Assieds toi donc sur le Chac-Mool et prends la pose de la victime du sacrifice ". Dis-moi ce que tu photographies, je te dirai qui tu es. 

Les marchands du temple ont été cantonnés sous les arbres, à la lisière du site, mais ils sont omniprésents. Si l'on excepte le marché artisanal qui jouxte l'horrible bâtiment des services d'accueil, avec ses files d'attente, ses toilettes, ses tourniquets de sortie, ce sont des centaines d'étals, tout au long du parcours de visite, sous le couvert des arbres. On y retrouve de l'un à l'autre la même bimbeloterie de pacotille, le plus souvent d'un goût plus que douteux. La seule excuse est que ces gens sont pauvres et qu'ils se disputent les miettes des retombées touristiques des trésors de leurs ancêtres. Le tourisme corrompt quand même énormément. Une photographie, prise le jour de l'équinoxe, montre l'esplanade autour de la pyramide envahie d'une foule compacte qui évoque les foules se pressant autour de la Kabba à La Mecque, et l'on imagine ce que cela pourrait donner d'ici quelques années, si toutefois l'appétit teinté de snobisme actuel pour les sites historiques et les œuvres d'art ne se départit pas avec les futures générations, plus tentées par le virtuel.

Le guide, au demeurant fort sympathique, mais exclusivement amateur de détails et d'anecdotes, jugea qu'il suffisait de nous montrer la pyramide, le Temple des Guerriers, de loin et rapidement, le grand terrain de jeu de balle, ce qui eu le grand avantage de me libérer, sans faire d'impair, pour visiter seul le reste du site, en particulier le Temple des Mille Colonnes, l'observatoire astronomique, le Caracol, et l'Iglesia. J'ai peut-être manqué le récit d'anecdotes passionnantes, mais au moins j'ai pu préserver l'intimité de mes impressions.
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Observatoire astronomique de Chichen Itza.

Coba ne donne pas la même impression de beauté figée sur papier glacé que les restaurations et l'encadrement touristique ont imposée à Chichen Itza. Les pierres y sont plus grises, la végétation plus proche. Dans ce site plus ancien, les colonnes n'ont pas encore été inventées et les voûtes étroites ne permettent que d'étroits boyaux. La reconstruction de la pyramide n'a pas encore eu lieu et les plus rares visiteurs peuvent encore escalader ses marches proches de l'éboulement. Les terrains de pelote n'ont pas la grandeur et la majesté de celui de Chichen Itza mais ils n'en ont que plus de charme, lovés dans la végétation toute proche. 
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Coba : jeu de pelote.

La magie du lieu, comme à Palenque, tient sans doute à l'étendue des ruines enterrées ou enfouies dans la forêt, dont on dit qu'elle représenterait plus de quatre vingt pour cent de celles qui ont été dégagées. Ce mystère des lieux s'accommode de la patine des pierres, bien éloignée des couleurs, sans doute criardes, qui les revêtaient à l'époque de leur splendeur. Coba sera un jour restauré, les esplanades gagnées sur la forêt, les petits commerces installés et les parcs de stationnement des autobus agrandis. Un nouveau patrimoine de l'humanité aura gagné ses galons. Un nouveau parc d'attraction sera né. Que faire ? Réserver la visite, comme aux grottes de Lascaux, à quelques privilégiés et construire des reproductions pour le peuple ? Etablir une sélection par l'argent en faisant payer très cher la visite comme les tombeaux de la vallée des  rois et des reines à Louxor ? A moins que d'ici là les nouveaux barbares, style talibans, n'aient effacé ces vestiges du passé.
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Tulum : Temple du Dieu du Vent et mer Caraïbe.

Tulum va chercher son charme dans la mer aux franges d'écume, aux reflets de turquoise, de cæruleum et d'outre-mer. Ce beau jardin où les temples sont disséminés sur des pelouses bien entretenues a un charme aristocratique de campagne anglaise.  Le cliché immanquable du petit temple sur fond de mer caraïbe est une magnifique aubaine pour les catalogues des agences de voyage et de l'office de tourisme. Qu'importe ce serait stupide de bouder son plaisir à contempler cette vue superbe. 

Avec la chaleur moite de la fin de la saison des pluies, la vision de ces ruines sur fond de mer récompense des efforts fournis dans la touffeur de l'après midi pour y accéder en marchant sur plus d'un kilomètre depuis l'entrée du site. Il faut en effet se promener sur l'ensemble du site, préservé de l'envahissement des marchands de souvenirs, pour admirer de nombreux bâtiments disséminés sur cette aire vallonnée avec de belles échappées vers la mer Caraïbe. Aucun n'a la grandeur majestueuse de Chichen Itza mais la taille plus humaine du Temple des Fresques, avec l'un des rares témoignages picturaux de la période Maya, ou même du Castillo s'accorde davantage à ce paysage magnifique.

Septembre 2012.
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Tulum : Temple des Fresques.
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Tulum : Le Castillo, temple principal.
Voir l'album de Coba, Tulum et Chichen Itza
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