Le marché de Laomeng

Un album est disponible en cliquant sur le diaporama en bas de page. (Collection personnelle)


Au marché du dimanche de Laomeng, la foule est très colorée par la présence de femmes de nombreuses minorités, en particulier les Yi, Hani, Miao et Bai. Les marchés restent le centre de la vie sociale et économique. Des femmes âgées y vendent parfois deux ou trois fruits ou légumes, à des prix dérisoires, dont on se demande s'ils leur apportent le minimum pour vivre. D'autres circulent à travers les étals, sans grand espoir de pouvoir acheter. La pauvreté et la résignation des vieux contrastent avec le dynamisme, sinon l'opulence des plus jeunes. Il est étonnant de voir dans ces villages, souvent devenus de petites villes, de coûteuses automobiles de marques étrangères, en particulier de grosses berlines allemandes. Hormis les anciens, tous ont leur téléphone mobile, doté d'un écran géant, qu'ils manipulent sans arrêt avec une grande dextérité et avec lequel ils prennent quantité de photographies, en particulier d'eux-mêmes.

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Ce sont surtout les femmes qui vendent et qui achètent. Leur grande majorité a conservé le costume caractéristique de leur ethnie mais beaucoup de jeunes femmes ont troqué le costume traditionnel pour le tee-shirt mondialisé. On retrouve des femmes Bai ou Yi avec leurs atours où le rouge prédomine, que l'on avait rencontrées nombreuses à Shilin. Elles portent de hautes coiffes brodées et agrémentées de pierreries. D'autres portent des robes bleues avec un rabat sur la tête, tandis que certaines ont des jupes multicolores et de grandes capelines noires.
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Moins nombreuses sont les femmes Miao, correspondant en Chine aux H'mongs, proches des H'mongs noires de Sa Pa au Nord Vietnam ou du nord Laos. Leurs robes noires, serrées à la taille, sont assorties à des coiffes tronc coniques noires. Elles contrastent par leur austérité avec la profusion de couleurs des autres ethnies.






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Les Naxi très reconnaissables à leurs robes bleues, soulignées de noir, sont assez peu nombreuses sur ce marché mais on les rencontrera en grand nombre à Lijiang.
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A côté des très nombreux étals de fruits et légumes, les bouchers exposent des morceaux de viande en plein air qui choquent nos habitudes de frigidaires et de barquettes  sous cellophane. Il n'est guère dans les habitudes des cuisiniers de la région de séparer parfaitement la chair des os qui sont le plus souvent hachés avec la chair attenante, obligeant à des acrobaties lorsque l'on mange avec des baguettes. Ayant vu ces étals de viande on devient très vite enclin à préférer les bouillons de légumes et de vermicelle, au demeurant excellents.




Le marché c'est aussi des vêtements, des échoppes de vendeurs de dents et de dentiers qui sont très fréquentés, tant par les clients que par les badauds.

La plupart des femmes se laissent photographier avec le sourire, demandant à voir le cliché qui vient d'être pris, ce qui ne pose plus de problème avec le numérique. Certaines refusent énergiquement. L'alternative est de respecter leur volonté et leur dignité ou d'user de subterfuges et du téléobjectif si le sujet est attirant, voire passionnant. Il n'y a pas de côté voyeur, voleur ou violeur dans cette attitude, mais la volonté de saisir, à travers une expression, une personne, une réalité, un contact humain, le plus naturel et empathique, sans rechercher le sensationnel. Est-ce le témoignage d'un monde appelé à disparaître ou à ne survivre que comme un folklore aseptisé ? Nous en avons vu le spectacle, dans un théâtre de Kunming, aussi remarquable que désolant.

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